L’importance des matières organiques dans l’agriculture durable
Dans un contexte de changements climatiques et de dégradation des sols, le retour à une agriculture durable, respectueuse de l’environnement et des écosystèmes locaux devient une priorité. L’une des clés de cette transition repose sur l’utilisation des matières organiques pour améliorer la fertilité des sols tout en réduisant la dépendance aux intrants chimiques coûteux et polluants.
Un document technique recense une diversité de matières premières organiques disponibles à Madagascar, classées selon leur origine : fumiers, résidus végétaux, sous-produits animaux et engrais verts. Ces matériaux contiennent des éléments essentiels tels que l’azote (N), le phosphore (P₂O₅), le potassium (K₂O), la chaux (CaO), et présentent différents rapports carbone/azote (C/N). Tous ces éléments influencent directement la qualité du compost produit.
Les fumiers : une base riche et accessible
Le fumier de vache séché, couramment utilisé dans les zones rurales, contient 2 % d’azote, 1,5 % de phosphore, et 2 % de potassium. Comparé au fumier de vache frais (0,3 % d’azote), sa version séchée est nettement plus concentrée. Le fumier de chèvre ou mouton séché, lui, peut atteindre des taux similaires, et même 3 % de potassium, ce qui en fait une excellente ressource pour la fertilisation naturelle.
Les déjections de volaille sont particulièrement puissantes : le fumier de pondeuses séchées contient jusqu’à 5 % d’azote, et 3 % de phosphore, avec un rapport C/N de 5,6 — idéal pour une décomposition rapide. Quant au fumier de poulets de chair, il peut fournir jusqu’à 4 % d’azote.
Sous-produits animaux : de puissants fertilisants
Des matières comme le sang séché (12 % d’azote) ou la poudre de sabot et de corne (12 % d’azote) sont très riches, bien que moins accessibles aux petits producteurs. Les résidus de poisson (7 % d’azote, 4 % de phosphore) peuvent aussi être valorisés localement dans les zones côtières.
Certains produits comme la poudre d’os (jusqu’à 25 % de phosphore) ou les cendres d’os (48 % de chaux) sont d’excellentes sources de minéraux pour corriger l’acidité des sols.
Résidus de plantes et engrais verts : une ressource sous-estimée
Les déchets végétaux, comme les balles de riz, pailles, son, herbes non mûres, ou encore les feuilles tombées, sont souvent sous-utilisés. Pourtant, ils peuvent jouer un rôle important dans la structuration du sol et l'apport en humus. Bien qu’ils soient pauvres en azote (généralement entre 0,5 et 1 %), leur rapport C/N élevé (jusqu’à 500 pour la sciure fraîche) permet de structurer le sol, surtout lorsqu’ils sont mélangés avec des matières plus riches.
Les engrais verts, comme le trèfle, la Crotalaria juncea ou le Sesbania sesban, peuvent contenir entre 2 et 2,4 % d’azote, et sont facilement cultivables pour améliorer les sols entre deux cultures vivrières.
Vers un compostage raisonné
Un compost équilibré nécessite de combiner des matières riches en azote (fumier, sang séché, engrais verts) et en carbone (pailles, feuilles mortes, sciure). Le rapport C/N idéal pour un compost efficace est compris entre 20 et 30. En dessous, la décomposition est trop rapide et entraîne des pertes d’azote ; au-dessus, elle est trop lente.
Grâce à cette diversité de matières locales, les agriculteurs malgaches peuvent produire leur propre engrais naturel, réduire leurs coûts de production, et restaurer la fertilité des terres épuisées.
L’utilisation stratégique des matières organiques est une solution efficace, économique et écologique pour améliorer la productivité agricole tout en préservant les sols. Le retour à ces pratiques ancestrales, allié aux connaissances scientifiques actuelles, ouvre la voie vers une agriculture plus résiliente et durable à Madagascar.
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